Retour à la vigilance après l’euphorie
Le mois de novembre débute sous le signe d’une nervosité accrue sur les marchés financiers. Les investisseurs ont été surpris par le discours moins accommodant de Jerome Powell la semaine dernière, remettant en cause la probabilité d’une baisse de taux dès décembre.
États-Unis : incertitude liée au “shutdown” et prudence de la Fed
Le shutdown du gouvernement américain, désormais le plus long de l’histoire, dépasse les 35 jours de 2018–2019. Cette paralysie empêche la publication de nombreuses données économiques, compliquant la tâche de la Réserve fédérale comme celle des investisseurs.
Dans ce contexte de manque de visibilité, la Fed maintient un ton prudent, tandis que les marchés scrutent les signaux économiques pour ajuster leurs anticipations de politique monétaire.
Europe : des signaux macroéconomiques encourageants
En zone euro, le PMI composite est confirmé en hausse à 52,5, traduisant une amélioration progressive de la conjoncture. Depuis la fin octobre, plusieurs indicateurs surprennent positivement.
Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a maintenu ses taux inchangés tout en ouvrant la porte à une prochaine baisse, signe d’un infléchissement de ton dans un environnement économique toujours fragile.
Géopolitique : détente entre la Chine et les États-Unis
Les relations sino-américaines s’apaisent : la Chine a annoncé une réduction de 24 % des droits de douane sur les produits américains pour une durée d’un an, en réponse à l’allègement des droits de douane américains liés au fentanyl.
Parallèlement, Pékin a suspendu les contrôles sur les exportations de certaines terres rares, signe de bonne volonté et de stabilisation commerciale.
Marchés : prudence et prises de bénéfices
Plusieurs dirigeants de grandes banques américaines et du FMI ont mis en garde contre un risque de correction boursière, pointant des valorisations élevées sur les valeurs technologiques et liées à l’intelligence artificielle.
Ces avertissements, combinés à l’absence de catalyseurs positifs, ont favorisé des prises de bénéfices et ravivé une aversion au risque en ce début de mois.
Actions européennes : retour de l’aversion au risque
Ces derniers jours, l’absence de moteurs clairs a ravivé la prudence des investisseurs, sur fond de banques centrales attentistes et de blocages géopolitiques.
La saison des résultats continue de rythmer les marchés :
- Automobile : BMW a surpris positivement grâce à la forte demande pour son premier modèle de nouvelle génération, entraînant une surperformance du secteur.
- Tourisme : Ryanair a publié un bénéfice net supérieur aux attentes et relevé sa prévision de trafic.
- Défense : Rheinmetall dépasse les attentes et bénéficie d’une hausse de la demande allemande, soutenant une croissance exceptionnelle.
- Énergie : GTT relève ses prévisions après un trimestre solide et des prises de commandes record. Veolia confirme ses objectifs à court et moyen terme.
À l’inverse, le secteur de la santé a été pénalisé :
- Novo Nordisk abaisse ses prévisions pour la quatrième fois cette année en raison du ralentissement de ses ventes phares.
- Biomérieux ajuste légèrement sa prévision de croissance, impactée par une saison grippale plus tardive, sans remettre en cause ses perspectives à moyen terme.
Actions américaines : correction après plusieurs semaines de hausse
Les marchés américains ont nettement corrigé cette semaine : le S&P 500 recule de –1,8 % et le Nasdaq 100 de –2,8 %, mettant fin à plusieurs semaines de progression.
Les données sur l’emploi ont semé le doute sur la solidité du cycle américain, tandis que les avertissements sur les valorisations ont renforcé les prises de bénéfices dans les secteurs les plus exposés à l’IA.
- Technologie : forte correction avec Nvidia (–7,1 %), AMD (–7,2 %) et CoreWeave (–20 %).
À l’inverse, Amazon progresse après un partenariat de 38 milliards $ avec OpenAI.
Microsoft (–4 %) a indiqué que sa principale contrainte dans l’IA n’était plus le manque de puces, mais les capacités physiques et énergétiques de ses data centers, tandis qu’Alphabet prépare un plan d’investissement majeur en Allemagne. - Consommation : Tesla (–2,3 %) reste au centre de l’attention avec le vote du plan de rémunération géant d’Elon Musk, susceptible de porter sa participation à 25 %.
- Santé : évolution contrastée, avec Amgen (+5,8 %) porté par de bons résultats, tandis que Pfizer (+1 %) et Novo Nordisk (–2,8 %) poursuivent leur bataille sur Metsera, une biotech spécialisée dans les traitements anti-obésité.
- Financières : meilleure résistance, soutenues par la détente obligataire. Berkshire Hathaway (+3,3 %) publie un bénéfice net en hausse de 17 % et détient désormais 382 milliards $ de liquidités. Warren Buffett a confirmé que Greg Abel lui succéderait à la tête du groupe d’ici fin d’année.
Marchés émergents : évolution contrastée
L’indice MSCI Emerging Markets recule de –0,53 % sur la semaine (en USD).
Les performances sont disparates :
- En hausse : Brésil (+2,78 %), Chine (+1,55 %), Mexique (+0,20 %).
- En baisse : Corée (–3,34 %), Taïwan (–2,33 %), Inde (–0,50 %).
En Chine, les exportations d’octobre reculent de –1,1 %, marquant leur première baisse depuis mars 2024, sous l’effet d’une chute de 25 % des exportations vers les États-Unis.
