Quand le ciel est bleu… mais pas sans nuages
Circulez, il n’y a (presque) rien à voir
On pouvait craindre un été chahuté, il n’en a rien été. Les marchés ont progressé, la volatilité s’est effondrée et les taux se sont assagis : un environnement quasi idéal. En prime, Jerome Powell a entrouvert la porte à une baisse des taux et Nvidia a surpassé les attentes. Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Pas tout à fait : quelques ombres persistent dans ce ciel serein.
Un été sans surprise
Si vous n’avez pas suivi l’actualité financière, rassurez-vous : vous n’avez rien manqué.
- Les actions ont gagné entre 2 et 4 % selon les zones, avec une performance américaine supérieure à celle de l’Europe.
- Les taux longs se sont stabilisés : le 10 ans US est resté autour de 4,25 %, oubliant rapidement son pic de juillet à 4,50 %.
- Le pétrole a évolué sans heurts, autour de 65 dollars le baril, malgré les tensions géopolitiques.
- L’or a poursuivi sa progression (+3 %), confirmé dans son rôle de valeur refuge.
- Le dollar, après avoir flirté avec 1,14 face à l’euro, s’est finalement stabilisé autour de 1,17, proche de son niveau de juin.
Tout cela dans un climat d’extrême calme, avec un VIX (l’indice de la « peur ») retombé sur des planchers historiques.
Powell face à son dilemme
Le rendez-vous majeur de l’été restait la réunion de Jackson Hole. La question centrale : Jerome Powell allait-il signaler une détente monétaire dès septembre ?
Réponse implicite mais claire : oui. Le président de la Fed a insisté sur le ralentissement du marché de l’emploi, laissant présager une première baisse de taux en septembre, suivie d’une seconde d’ici la fin de l’année. Les marchés américains ont immédiatement salué la nouvelle.
Des vents favorables, mais…
Tout semble aligné : relances budgétaires et politiques monétaires accommodantes se conjuguent aux États-Unis, en Europe et en Chine. La microéconomie ajoute sa touche : Nvidia a publié des résultats spectaculaires, dépassant encore des attentes déjà très élevées.
Un cadre rêvé pour prolonger la hausse des marchés. Pourtant, deux fragilités demeurent :
- La dette publique
Tant que les États parviennent à conserver la confiance des investisseurs pour financer leurs déficits par l’émission d’obligations, l’équilibre tient. Mais cette dépendance grandissante devient une ombre qu’il n’est plus possible d’ignorer. - Les valorisations boursières
Le marché est cher, indéniablement, surtout les grandes capitalisations. Quelques chiffres pour le marché américain :- Le ratio capitalisation boursière / PIB (l’indicateur fétiche de Warren Buffett) est à un plus haut historique.
- Le S&P 500 se traite à plus de 3,3x les ventes : un record.
- Le ratio P/E (cours/bénéfices) dépasse 23x : pas un record, mais dans les 2 % les plus élevés de l’Histoire.
Conclusion
Le marché est cher, c’est une évidence. Mais comme le rappelle Howard Marks, fondateur d’Oaktree Capital, « la survalorisation n’a jamais été synonyme d’un effondrement imminent ». Les marchés peuvent rester irrationnels longtemps, tant que les résultats des entreprises continuent de soutenir la dynamique.
En revanche, il devient de moins en moins pertinent de se contenter d’une exposition passive au marché dans son ensemble. La diversification reste essentielle :
- tirer parti des opportunités encore attractives (les Small Caps européennes, par exemple),
- et se préparer à exploiter celles qui ne manqueront pas d’apparaître à l’avenir…