Les négociations de paix dopent l’appétit pour le risque
Un frémissement diplomatique qui rassure les marchés
Les tractations pour un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie, bien qu’ardues, insufflent un certain optimisme sur les marchés.
Après avoir rejeté la proposition européenne, Moscou juge désormais que le projet d’accord élaboré entre Kiev et Washington peut servir de base de discussion. Les négociations vont donc se poursuivre — un signal perçu comme constructif par les investisseurs.
France — Une réussite qui mérite d’être soulignée
Dans une période marquée par l’incertitude, il est utile de rappeler que la France sait aussi engranger des succès.
Notre stratégie énergétique, héritée de l’après-guerre, en fournit un exemple frappant.
Électricité : un record depuis 2002
Les exportations nettes d’électricité ont fortement progressé au 3ᵉ trimestre.
Si la tendance se confirme, elles pourraient générer plus de 5 milliards d’euros sur l’année — un poste d’exportation devenu stratégique.
Les moteurs du rebond
- Retour du parc nucléaire à un niveau de production normalisé.
- Déploiement des énergies renouvelables.
- Baisse de la consommation intérieure liée aux précédentes hausses de prix.
Même la Suisse, confrontée à des difficultés de production, a massivement importé de l’électricité française.
Une réussite de long terme
Ce succès n’est pas conjoncturel mais le fruit :
- d’une vision initiale, celle du Général de Gaulle créant le CEA en 1945,
- d’un courage politique pour maintenir le cap nucléaire malgré les oppositions.
Des qualités qui font parfois défaut aujourd’hui, notamment en matière de vision technologique et industrielle.
Une créativité fiscale débordante
Nouvelle idée en vogue :
contraindre les ménages les plus aisés à souscrire à un emprunt national à taux zéro pour financer les dépenses publiques.
Une mesure qui interroge tant par son inspiration que par son efficacité potentielle.
Allemagne — Le FMI tranche : insuffisant
Le plan de relance présenté par Friedrich Merz ne convainc pas le FMI.
Pour l’institution, il faut revoir en profondeur le modèle industriel allemand, fragilisé par :
- un vieillissement démographique rapide,
- une productivité stagnante,
- des secteurs industriels arrivés en bout de cycle.
Le verdict est sévère pour l’ex-premier de la classe.
États-Unis — Indicateurs contrastés
Les signaux économiques restent mitigés :
- Ventes au détail : +0,2 % en septembre.
- Confiance des consommateurs (Conference Board) : 88,7 en novembre vs 94,6 en octobre.
- PPI : +2,7 % sur un an.
Le Beige Book évoque une croissance résiliente, avec un PIB annualisé estimé à 4 % par la Fed d’Atlanta au T4 2025.
Le marché du travail se fige, porté surtout par des gains de productivité liés à l’IA, malgré des tensions dans les secteurs affectés par les restrictions migratoires.
Les anticipations de baisse des taux restent dominées par la crainte d’une détérioration du marché de l’emploi, illustrée par les mises en garde des gouverneurs Waller et Daly.
À noter : l’impact des suppressions de 249 000 emplois à l’administration fiscale n’apparaît pas encore dans les statistiques officielles.
Actions européennes
Les marchés européens ont rebondi, portés par l’espoir d’un accord de paix et la perspective d’une baisse des taux de la Fed en décembre.
Les valeurs cycliques progressent, tandis que la défense marque le pas.
Points clés
- La BCE estime que le niveau actuel des taux est « suffisamment restrictif », tout en restant dépendante des données.
- Au Royaume-Uni, le budget du Chancelier augmente la marge budgétaire, mais reporte l’essentiel de la consolidation au-delà de 2028.
- L’effort de crédibilité budgétaire s’accompagne d’une hausse de la pression fiscale.
Valeurs en vue
- Deutsche Boerse : discussions exclusives pour acquérir Allfunds.
- Rémy Cointreau : reprise de confiance avec un retour à la croissance attendu en 2026.
- Wacker Chemie : annonce 1 500 suppressions d’emplois, illustrant les difficultés persistantes du secteur chimique en Europe.
- Aéronautique et spatial : hausse du budget de l’ESA, une bonne nouvelle pour Airbus, Thales et Leonardo.
Actions américaines
Les actions américaines affichent un fort rebond :
- S&P 500 : +4,19 %
- Nasdaq 100 : +4,92 %
Le mouvement repose surtout sur les anticipations de baisse de taux en décembre, renforcées par plusieurs interventions conciliantes de la Fed.
Les données macro sont brouillées par le retard accumulé après le shutdown de 43 jours.
Les inscriptions au chômage reculent, tandis que la confiance des ménages reste historiquement faible.
Thématiques clés
- IA : leadership plus dispersé cette semaine.
- Alphabet (+10,5 %) porté par Gemini 3 et les puces TPU.
- Nvidia (-0,2 %) sous pression due aux inquiétudes sur la concurrence.
- OpenAI : ambitions massives — viser 220 M d’abonnés payants d’ici 2030 — avec un nouveau financement de 38 Md$ en préparation via un consortium bancaire.
Secteurs en mouvement
- Cyclique et consommation en rattrapage : Kohl’s, Abercrombie, Urban Outfitters, Ross, Best Buy (+9,7 %).
- Compagnies aériennes boostées par Thanksgiving.
- Immobilier résidentiel en rebond grâce à la perspective de taux hypothécaires plus bas.
- Finance : les propositions de Michelle Bowman pourraient libérer 2 600 Md$ de capacité de prêt.
- Santé : Eli Lilly dépasse les 1 000 Md$ de capitalisation ; assureurs santé en forte hausse (Centene, Oscar).
Marchés émergents
L’indice MSCI EM progresse de 2,73 % (USD), avec toutes les grandes régions en hausse :
- Corée : +5,05 %
- Taïwan : +4,54 %
- Brésil : +4,18 %
- Chine : +2,47 %
- Mexique : +2,15 %
- Inde : +0,91 %
Côté géopolitique, Donald Trump a accepté une visite à Pékin en avril et a invité Xi Jinping à Washington en 2026, évoquant notamment commerce, Ukraine, fentanyl et Taïwan — un signal de détente apprécié des marchés émergents
