Une fébrilité palpable..
Les excellents résultats publiés par Nvidia n’ont pas suffi à enrayer les prises de profits sur le Nasdaq ni à dissiper les inquiétudes croissantes autour d’une possible bulle liée à l’intelligence artificielle. Les flux vendeurs des traders dérivés ont entraîné des corrections en fin de séance, ramenant rapidement l’euphorie observée dans la foulée des annonces financières du groupe.
Si le boom des investissements dans les infrastructures de datacenters devrait continuer l’an prochain, le cycle semble entrer dans une phase plus mature. Les investisseurs deviennent plus exigeants en termes de primes de risque, en raison de plusieurs incertitudes : capacité à monétiser les dépenses massives engagées, recours au financement circulaire, pression sur les flux de trésorerie et l’endettement, ou encore contraintes d’approvisionnement en énergie et en eau nécessaires aux datacenters.
Du côté des banques centrales, la probabilité d’une baisse des taux par la Fed dès décembre continue de s’amenuiser. Les minutes de la Réserve fédérale et les interventions de plusieurs membres du FOMC plaident pour un statu quo (30 % de probabilité contre 40 % la semaine dernière et près de 70 % début novembre). Le rapport sur l’emploi de septembre, dont les chiffres constituent la dernière référence avant la réunion de décembre, renforce ce scénario.
En Europe, le marché joue pleinement son rôle de facteur de diversification. Les déclarations de V. Zelensky, se disant prêt à travailler sur un plan de paix proposé par les États-Unis et la Russie, ont ravivé l’espoir d’un cessez-le-feu en Ukraine.
Au Japon, l’annonce d’un plan de relance budgétaire de 21,3 trillions de JPY (soit 3,2 % du PIB) a provoqué une forte remontée des rendements des obligations d’État, particulièrement sur les maturités longues, ainsi qu’un affaiblissement du yen.
En Chine, des rumeurs évoquent de nouveaux soutiens fiscaux destinés à relancer un marché immobilier en difficulté depuis plus de quatre ans.
Dans l’ensemble, malgré quelques signaux d’apaisement dans les relations sino-américaines et des fondamentaux toujours robustes côté économies développées et entreprises, nous restons vigilants face à l’importance du financement privé du secteur de l’IA et aux valorisations historiquement élevées des marchés actions, en particulier aux États-Unis. Le récent repli des indices, lié aux doutes sur la capacité de la Fed à assouplir rapidement sa politique monétaire, contribue néanmoins à un retour vers des niveaux plus cohérents avec les fondamentaux.
ACTIONS EUROPÉENNES
Au Royaume-Uni, plusieurs signaux contradictoires retiennent l’attention. Le recul du gouvernement sur la hausse de l’impôt sur le revenu soulève des interrogations sur la crédibilité budgétaire, mais la décélération de l’inflation d’octobre et le ralentissement du marché du travail laissent entrevoir une possible baisse de taux dès décembre par la Banque d’Angleterre.
Dans la zone euro, les exportations vers les États-Unis poursuivent leur progression, tirées par les secteurs de la chimie et de la pharmacie, même si la dynamique générale de croissance reste fragile.
Sur le plan géopolitique, un regain d’espoir autour d’un projet américain de cessez-le-feu en Ukraine – encore peu détaillé et élaboré sans réelle consultation de Kiev ou des Européens – a entraîné des prises de profits sur les valeurs de la défense. Dans le même temps, des rumeurs portant sur une commande de près de 100 Rafales par l’Ukraine ont soutenu Dassault Aviation.
Côté entreprises :
- Airbus a dominé l’actualité du Dubaï Air Show, avec une possible commande d’environ 150 A321neo par Flydubai, jusque-là cliente exclusive de Boeing.
- TotalEnergies a annoncé l’acquisition de 50 % d’un portefeuille d’actifs énergétiques européens pour 5,1 Md€, renforçant sa présence dans le gaz et la biomasse.
- SAP a dévoilé une alliance stratégique avec Capgemini, Bleu et Mistral AI autour du développement d’un cloud souverain européen.
ACTIONS AMÉRICAINES
Les marchés américains ont nettement reculé cette semaine : le S&P 500 a perdu 2,9 % (USD) et le Nasdaq 100 3,8 %. La correction reflète un positionnement plus défensif des investisseurs face aux doutes persistants sur la pérennité du rally lié à l’IA et sur les niveaux de valorisation des mégacaps technologiques.
Le secteur technologique reste au cœur des préoccupations :
- Nvidia a reculé de 5 % malgré une croissance de 62 % de son chiffre d’affaires sur un an.
- Le marché manifeste une forme de saturation vis-à-vis du thème IA, alimentée par les interrogations sur la « circularité » des flux d’investissement et les risques de surinvestissement.
- Alphabet (+4,7 %) a bénéficié de l’intérêt de Berkshire Hathaway et du lancement de Gemini 3.
- Tesla (-2,3 %) a demandé à ses fournisseurs de s’affranchir des composants fabriqués en Chine pour ses modèles destinés aux États-Unis.
Dans la consommation :
- Walmart (+4,6 %) a publié une forte progression, notamment dans l’e-commerce.
- Target (-7 %) a revu ses perspectives en baisse après des ventes inférieures aux attentes.
- Home Depot (-8,2 %) a également déçu, pénalisé par un marché immobilier américain toujours atone.
Dans les financières, Citigroup (-2,7 %) poursuit sa restructuration.
Dans la santé, Johnson & Johnson (+3,6 %) s’est renforcé dans l’oncologie avec l’acquisition de Halda Therapeutics.
MARCHÉS ÉMERGENTS
L’indice MSCI EM a reculé de 1 % cette semaine (USD). Les performances pays montrent une disparité importante :
- Inde : +0,75 %
- Taïwan : +0,22 %
- Chine : -3,10 %
- Brésil : -2,56 %
- Corée : -1,22 %
- Mexique : -0,85 %
