Powell en danger ?
Des incertitudes autour du maintien de Jerome Powell à la tête de la Fed
Les récentes rumeurs concernant un possible limogeage de Jerome Powell, qui ont suscité une vive réaction des marchés financiers, traduisent une opposition plus fondamentale entre deux visions concurrentes de la politique monétaire aux États-Unis. Au-delà des critiques relatives à la conduite des travaux de la Fed, c’est en réalité le débat sur l’orientation future de la politique de taux qui polarise les positions.
D’un côté, les partisans d’un assouplissement monétaire rapide – Donald Trump en tête, soutenu par plusieurs prétendants à la présidence de la Fed – interprètent la conjoncture actuelle à travers les signaux de court terme : ralentissement de l’activité, fragilisation du marché du travail et convergence de l’inflation vers l’objectif de 2 %. Cette lecture les conduit à réclamer une baisse imminente des taux d’intérêt.
À l’opposé, une approche davantage prospective, portée notamment par la gouverneure Adriana Kugler, privilégie une analyse des risques à moyen terme. Elle soutient le maintien d’une politique monétaire restrictive, considérant que les hausses tarifaires annoncées – en particulier les droits de douane à 200 % sur certains produits pharmaceutiques, désormais reportés à 2026 – sont susceptibles d’exercer une pression haussière sur les prix, avec un risque inflationniste dépassant les 3 % d’ici la fin de l’année. Cette stratégie repose également sur la volonté de préserver la crédibilité de la Fed en matière de stabilité des anticipations d’inflation.
Les données macroéconomiques publiées cette semaine renforcent la légitimité du scénario défendu par Powell. Les inscriptions hebdomadaires au chômage, ajustées des effets saisonniers, restent cohérentes avec un cycle économique avancé mais encore robuste. Parallèlement, la consommation des ménages se montre résiliente, comme en témoigne le rebond significatif des ventes au détail après un premier trimestre atone.
Sur le front des prix, l’indice des prix à la consommation (CPI) fait état d’une hausse notable sur les biens, en particulier dans les segments les plus sensibles aux barrières douanières (électronique, notamment). Toutefois, cette dynamique inflationniste reste globalement maîtrisée, notamment grâce à la stabilité du secteur du logement.
Enfin, le pari de Donald Trump, selon lequel le fardeau tarifaire serait assumé par les exportateurs étrangers, semble contredit par la faible correction des prix à l’importation. Cela suggère que ce sont principalement les entreprises américaines – et potentiellement, à terme, les consommateurs – qui absorbent les hausses de coûts liées aux mesures protectionnistes.Sur le front des valeurs européennes : dans l’automobile, Renault annonce un profit warning avec un EBIT ajusté inférieur de 13 % aux attentes.
Par ailleurs, les résultats de Richemont sont solides, avec une croissance organique tirée par la joaillerie, on constate ainsi un regain d’appétit pour les valeurs du luxe qui devrait soutenir le CAC.
Le secteur industriel a connu une forte progression cette semaine, avec de belles performances chez Legrand et ABB, sur fond de résultats trimestriels au-dessus des attentes, soutenus essentiellement par une solide demande, notamment dans le segment des data centers.
Sur les actions américaines : Le secteur technologique poursuit son mouvement haussier et reste soutenu par les semiconducteurs, à l’image de Nvidia, en forte hausse de 5,4 %.
Le secteur bancaire a amorcé la saison de publication des résultats du deuxième trimestre. JP Morgan (+0,6 %) a révisé à la hausse sa guidance suite à la présentation de bons résultats pour le second trimestre 2025. La stabilisation des défauts a également eu un impact positif sur les résultats des banques américaines comme Citigroup (+6,9 %) et Wells Fargo (-3,2 %), qui a malgré cela abaissé ses prévisions annuelles concernant les revenus d’intérêts.
Le secteur de la santé s’est montré le moins performant cette semaine, avec une baisse de 2,7 %. Cependant, le géant pharmaceutique Johnson & Johnson a grimpé de 3,4 % suite à la publication de bons résultats et des impacts tarifaires plus faibles que prévu, passant de 400 millions à 200 millions sur l’année.